Vous avez probablement une idée de ce qu’est l’inertie mécanique que l’on peut définir ou résumer très simplement comme la difficulté relative d’un corps à se mettre en mouvement OU à modifier son mouvement. Mais l’inertie ne frappe pas que les objets, elle affecte également les humains, parfois sur le plan physique, souvent sur le plan mental.
L’inertie mentale – synonyme : inertie psychologique – désigne les conditions et les situations dans lesquelles nous sommes peu ou pas naturellement enclins à nous détacher de la première impression ou de la première formulation du problème, à sortir du cadre, à prendre de la hauteur.
A votre premier avis :
- Combien de mois comptant 28 jours y a-t-il dans l’année ?
- Dans une pièce, il y a 12 bougies allumées … subitement un courant d’air provoque l’extinction de 11 bougies. Combien en reste-il dans la pièce ?
Si votre réponse à ces deux questions n’est pas égale à douze, considérons que vous êtes tombé dans l’ornière de l’inertie mentale.
L’inertie mentale vise les contraintes inutiles et auto-imposées qui entravent notre réflexion, qui limitent notre imagination. L’inertie psychologique est un état inconscient ! Pour diverses raisons, les principales devant être les suivantes :
- La terminologie (les mots ne sont pas innocents, les mots sont des ornières) ;
- L’expérience (plus on est expérimenté, plus on risque d’être conditionné par les méthodes, les pratiques, les solutions du passé) ;
- Le degré de spécialisation ;
- L’implication personnelle (souvent, plus on est concerné par le problème, moins on a de recul).
Il n’y a pas de remède radical à l’inertie mentale. On peut la réduire. En commençant par s’en méfier, en lui mettant des bâtons dans les roues. En recourant, pourquoi pas, à l’une des stratégies (ou s’agit-il plutôt de tactiques ?) :
- Être très ambitieux (cf. les opérateurs STC) ;
- Bannir le jargon technique, rephraser avec des termes simples ;
- Reformuler en termes plus abstraits (cf. l’échelle d’abstraction) ;
- Réfléchir au niveau fonctionnel et pas au niveau opérationnel ou technique ;
- Schématiser, lorsque le problème s’y prête ;
- Placer le problème dans son contexte systémique (sujet à suivre) ;
- Transposer le problème dans un autre secteur ou univers (pratiquer l’analogie) ;
- Multiplier les points de vue, par exemple, en réfléchissant en groupe – si possible pluridisciplinaire.
L’inertie mentale est un concept-clé pour TRIZ qui la considère comme l’ennemi public n°1 de la créativité.