Il va être question de créativité “solutionnante” (celle que l’on active pour résoudre ou pour devancer un problème), les autres motivations créatives (récréative, artistique, littéraire ou publicitaire par exemple) n’étant pas visées. Elle va être abordée brièvement et sous deux angles : conceptuel et clownesque.
Fin des années 1990, feu Edward de Bono (l’homme aux 6 chapeaux et aux 6 chaussures) avait formé le mot-valise “Crazytivity” (fusion de Crazy et Creativity) pour qualifier ce qu’il considérait être de la pseudo créativité. Dans sa ligne de mire ? La “créativité” motivée (et manifestée) par la seule volonté d’être différent sans se soucier d’intégrer une quelconque valeur. Ainsi, une brosse à dents avec deux manches ou une tasse avec quatre anses, ce serait pour le moins original mais sans aucun gain d’idéalité.
Chercher à être (utilement) créatif implique d’avancer des nouvelles propositions mais une nouvelle proposition n’est pas automatiquement synonyme de valeur ajoutée. Nous tombons souvent dans le panneau ou plutôt dans le sophisme : n’est-il pas fréquent de qualifier une personne ou une idée comme “créative” sur base uniquement de son caractère extravagant ou provocateur ?
Alors oui, bien sûr, on peut et on doit nuancer. Une idée farfelue, partiellement ou complètement débile, peut-être le germe d’une idée à pleine valeur ajoutée, c’est d’ailleurs la stratégie de certaines techniques (dont la “Provocation”, méthode d’Ed. de Bono) ou une des tactiques. Mais ici ce sont des matières premières ou des leviers, pas des produits finis.
Tant mieux si la Crazytivity fait décoller la Creativity mais parfois d’apparentes bonnes intentions vont vous clouer au sol :
Quel mot-valise Ed. de Bono aurait-il formé pour cristalliser ce genre d’absurdité ? « Creabsurdity » ?