Dans la grande boîte à outils TRIZ, l’outil le plus promotionné est sans aucun doute les « 40 principes inventifs » ou plus exactement les « 40 principes de résolution des contradictions techniques« .
Deux pratiques
On peut solliciter ces 40 principes de deux façons. Il serait tentant d’écrire qu’il y a une bonne et une moins bonne mais ce serait trop binaire ou trop élitiste ; disons plutôt qu’il y a la voie orthodoxe et une voie hétérodoxe regroupant des méthodes non-conformistes.
En essayant d’être bref et un tant soit peu pratique,
La voie orthodoxe, la méthode de référence
En sélectionnant et en extrapolant les quelques principes supposés résoudre la contradiction technique (demandes conflictuelles sur deux paramètres différents) présente dans le problème étudié. Pour ce faire, on va …
- Identifier et formuler la contradiction technique à la base du problème.
- C’est (très) souvent l’étape la plus difficile notamment parce qu’il est fréquent qu’un problème (un tant soit peu complexe) renferme non pas une seule mais plusieurs contradictions !
- L’analyse fonctionnelle est un des outils pour faire apparaître les conflits (contradictions) dans un système.
- Lorsque plusieurs contradictions sont présentes, il est préférable de sélectionner celle qui paraît la plus stratégique (le cas échéant celle qui, une fois résolue, pourrait rendre caduques les autres contradictions).
- Choisir, parmi les 39 paramètres (les entrées – abscisse et ordonnée – de la matrice), le paramètre devant être préservé (effet positif) et celui devant être écarté (effet négatif).
- Pas toujours facile d’individualiser le paramètre le plus approprié alors, au lieu d’hésiter entre l’un ou l’autre paramètre, il est tout à fait possible voire même conseillé d’en appliquer plusieurs.
- Relever les principes proposés à l’intersection (effet positif / effet négatif) de la matrice.
- Activer l’imagination pour découvrir la solution en extrapolant le principe proposé, en l’appliquant de manière systémique, c’est-à-dire au
- « système » : le sujet principal (la « chose » au centre du problème),
- « sous-systèmes » : les parties ou éléments qui constituent le système,
- « super-système » : l’environnement du système, tout ce qui l’accompagne ou l’entoure.
La voie dissidente, les méthodes décalées
En faisant fi de l’identification des contradictions et de la convergence proposée par la matrice. De manière similaire à des opérateurs de concassage, les principes sont considérés comme des stimuli susceptibles d’aiguiller l’imagination vers des idées de solution. Quelques suggestions :
- Au moins trois entrées en matière :
- Passer en revue l’ensemble des 40 principes (dans l’ordre ou dans le désordre car l’ordre initial n’a aucune signification particulière),
- Ou en extraire quelques-uns de manière aléatoire,
- Ou encore explorer les principes statistiquement les plus utilisés (cf. F1 et F2).
- Aller au-delà du premier sens des mots et de la première image mentale que chaque principe évoquent. Par exemple en travaillant sur trois paires de registres : (1) concret et abstrait, (2) substantifs et infinitifs, (3) synonymes et antonymes.
- Appliquer les stimuli au système, au sous-système et au super-système (cf. supra).
Une voie à privilégier ?
En principe, en passant par la voie dissidente, on n’atteindra pas le même niveau d’inventivité ou à tout le moins la productivité qu’en passant par la découverte et la formulation préalables des contradictions. Mais, quelque part, ces deux manières de tirer parti des principes TRIZ correspondent à deux stratégies que l’on peut déployer à l’aide des techniques de créativité fonctionnelle :
- trouver une solution à un problème,
- chercher un « problème » (opportunité, potentiel, créneau, … mal ou peu exploité) à une solution.
Trois recueils
Pour mettre la main à la pâte et espérer produire des idées à la carte :
- la matrice de résolution des contradictions techniques,
- la liste des 40 principes avec leurs fréquences d’utilisation, ainsi que la liste des 39 paramètres,
- et ce qui est la ressource la plus complète, chaque principe en détails et en exemples (certains illustrés au sein d’un diaporama).
Il est clair que l’outil et les différentes manières de le solliciter ne figurent pas dans la catégorie des techniques de créativité expresse. Mais la difficulté est certainement proportionnelle à l’efficacité !