Imaginez que l’on vous propose d’évaluer 2 idées, une idée (très) concrète (vous visualisez très bien la solution proposée) et l’autre plutôt générale ou abstraite (elle énonce plus un principe de solution qu’une solution en tant que telle). Laquelle allez-vous désigner comme la meilleure ?
Selon toute vraisemblance, l’idée qui gagnera votre préférence sera l’idée concrète. Et ce sera encore plus probable si vous êtes l’émetteur des idées en question.
Nous sommes effectivement enclins à surévaluer les idées plus ou moins concrètes et/ou à sous-évaluer les idées plus ou moins abstraites. Cela a été récemment confirmé par une étude et une série d’expériences.
Malheureusement ce jugement ne tient logiquement pas la route ! La valeur intrinsèque d’une idée, d’une proposition est indépendante de sa forme ou de sa formulation.
Mais ce biais (cognitif) s’explique facilement, pour citer et traduire l’auteur de l’étude :
Les gens accordent trop d’importance au concret et à l’abstrait dans leurs idées initiales. Une idée concrète est nécessairement plus développée, et elle présentera donc plus facilement ses vertus créatrices.
Les meilleures idées initiales ne sembleront probablement pas très créatives au début – il n’y a peut-être pas assez de substance pour déceler leur originalité et leur utilité potentielles. Leur caractère abstrait est une barrière qui empêche les gens de repérer leur potentiel.
Concrètement (sic), quelles attitudes adopter afin d’éviter cette ornière ?
- Produire des idées, c’est bien mais pas suffisant : il faut être créatif tout au long du processus créatif, y compris en phase d’évaluation au cours de laquelle il faut faire preuve d’imagination dans la transformation et l’interprétation des idées proposées.
- Une façon d’interpréter des propositions consiste à les faire voyager sur l’échelle d’abstraction. Une pratique couramment recommandée consiste à engager un questionnement en privilégiant deux questions-clés :
- COMMENT ? pour descendre, pour être plus terre-à-terre c’est-à-dire pour rendre les idées abstraites plus tangibles.
- Exemple : « Revaloriser la fonction » –> (comment ?) –> « Octroyer une prime d’ancienneté ».
- POURQUOI ? pour monter, pour prendre de la hauteur, autrement dit pour abstraire le sens, obtenir des significations plus générales ou génériques.
- Exemple : « Appeler chaque client par son prénom » –> (pourquoi ?) –> « Créer une ambiance familiale ».
- COMMENT ? pour descendre, pour être plus terre-à-terre c’est-à-dire pour rendre les idées abstraites plus tangibles.
De manière plus générale ou … abstraite, la règle absolue : méfiez-vous de votre première impression car l’habit ne fait pas le moine. Comme souvent, avec du recul c’est facile, quand on a les mains dans le cambouis ça l’est moins.