Par les temps qui courent, affirmer qu’il faut innover est une banalité. Cependant, entre la parole et l’acte, il y a encore du chemin à parcourir et des ornières à éviter. Un exemple : l’innovation est trop souvent réservée aux technologies (de pointe). C’est dommage car si l’on convient que l’innovation se définit par l’action d’introduire du neuf, sa portée est pratiquement illimitée.
Démonstrations
- Dick Fosbury gagna la médaille d’or du saut en hauteur aux Jeux Olympiques de Mexico en 1968 en introduisant une manière révolutionnaire de passer la barre (en lui tournant le dos plutôt qu’en l’affrontant de face ; cette technique est toujours la plus utilisée à l’heure actuelle).
- Teresa Amabile (consultante en créativité) relate que lorsqu’elle pose la question de savoir quels sont les domaines où l’innovation n’est pas du tout souhaitée, la comptabilité est toujours en tête de peloton. Mais alors que sont les techniques du « Budget Base Zéro », « Direct Costing » ou « Activity Based Costing » ? Et si l’on remonte encore plus loin, en 1494 pour être précis, Luca di Pacioli n’a-t-il pas innové en mettant au point la comptabilité en partie double ? Ces techniques sont des innovations dans un domaine qui n’a aucun lien direct avec la technologie.
Innovation > Brevets
Le magnétisme entre innovation et technologie est « malsain » notamment parce qu’il donne à croire que l’innovation se limite aux produits brevetables.
- Un autre exemple remarquable : Amazon. Son avance est-elle le fruit d’une technologie exclusive ? Non, Amazon utilise l’internet comme d’autres de ses concurrents ; son succès et son aura ne reposent sur aucun brevet. Amazon est passé du commerce de détail au commerce des détails : une offre pratiquement illimitée, du dynamisme à revendre, de la réactivité ainsi qu’une somme de services avant, pendant et après-vente. Le tout, en refusant l’attentisme.
Pratiquement, il est possible d’innover sur tous les fronts et la technologie n’est qu’une des nombreuses facettes de l’innovation.
