Innover coûte forcément cher !!!

Il n’est pas rare de lire ou d’entendre qu’innover coûte immanquablement cher ! ou autrement formulé : si c’est bon marché, ce n’est pas de l’innovation !

Une de plus. Une ineptie de plus à insérer dans le catalogue des stéréotypes. L’affirmation est généralement correcte pour les innovations liées à des technologies de pointe ou faisant l’objet de protections intellectuelles (brevets). Par contre, dans beaucoup d’autres situations, il n’est pas toujours nécessaire de casser sa tirelire ou de braquer une banque.

Un échantillon ? Prenons un professionnel avec lequel beaucoup d’entre nous entrent en relation quotidiennement et qui est souvent la première personne du monde extérieur que nous rencontrons après avoir quitté notre domicile : le boulanger – pâtissier. Innove-t-il lorsqu’il…

  • Instaure un système de commande – réservation (manuel et en ligne) ?
  • Teste de nouvelles recettes ?
  • Passe un accord de dépôt-vente avec d’autres commerces ?
  • Propose une formule AnniverZaire – goûter d’anniversaire organisé de A à Z ?
  • Fait parler de lui gratuitement dans différents médias locaux et nationaux en entrant dans le Guinness Book of Records pour avoir réalisé la plus grande tarte au sucre ?
  • Adapte ses horaires en fonction notamment de la saison ou des congés scolaires ?
  • Ouvre un salon de thé ?
  • Organise des ateliers d’initiation et en profite pour vendre les matières premières ?
  • Publie une certification attestant que tous les ingrédients sont 100% naturels ?
  • Organise des matinées portes ouvertes au cours desquelles les clients visitent l’atelier (et constatent la qualité et l’hygiène de l’outil de production) ?
  • Trouve un débouché pour les invendus ?
  • Installe des interrupteurs horaires ou détecteurs de passage pour réduire sa facture d’électricité ?
  • Diffuse de la musique libre de droit et s’affranchit, légalement, du paiement de la redevance (Sacem – Sabam) ?

Bon, restons en là. Si innover consiste à changer pour (espérer) un mieux, les actions énoncées relèvent bien de l’innovation et, tous comptes faits, coûtent plus en efforts de réflexion et de mise en place qu’en monnaie sonnante et trébuchante.

Vous trouvez l’exemple du boulanger trop facile, quelque peu simpliste ? N’est-ce pas parce que l’herbe semble toujours plus verte chez le voisin ? Ou faut-il y voir une IVC déguisée en un « chez nous, c’est tout à fait différent » ? Tout est relatif, tout est proportionné. Les TPE-PME ont plus de souplesse que les plus grandes entités qui disposent par contre de plus de moyens, de spécialistes extra- ou intra-muros, d’accès à des connaissances privilégiées, etc.

Un des atouts majeurs des petites et moyennes entreprises : elles sont épargnées par la bureaucratie interne. C’est éventuellement par ce bout du problème que les grandes organisations devraient commencer à innover. Ne plus faire certaines choses libère des ressources et de l’énergie à consacrer à d’autres.

En conclusion, l’innovation ne coûte pas nécessairement bonbon, touchez-en un mot au confiseur ou au boulanger-pâtissier du coin.