Essaie-t-on de prendre les enfants du bon Dieu – qui souhaitent innover – pour des canards sauvages ? A la lecture de certains contenus (sites ou livres), on serait bien tenté de le croire. Sans nécessairement délier les cordons de votre bourse, moyennant un moteur de recherche et une connaissance de base de la langue anglaise, vous allez enfin découvrir les secrets pour booster votre créativité. Pour vous faciliter la besogne, en voici quelques-uns : buvez de l’eau, faites une sieste, écoutez de la musique, faites une ballade, « rebootez » votre cerveau, mangez avec vos mains, … Un seul – mais ô combien capital – semble être ignoré : respirez !
Non à l’Interruption Volontaire de Créativité (I.V.C.)
Revenons sur terre. Nonobstant cette introduction sarcastique, il faut admettre sans réserve que d’autres conseils sont réfléchis et pertinents dont le suivant : avant d’être créatif, il faut arrêter d’être non-créatif !
Le blâme, si blâme il y a, ne doit pas être adressé uniquement aux autres. A titre individuel et souvent « à l’insu de notre plein gré », nous possédons un certain talent pour tuer l’idée dans l’œuf, en pensées ou en paroles.
Comment tirer profit de cette faiblesse ? C’est-à-dire que faire avec les énoncés proposés ci-après ? Tout dépend…
- Si vous êtes du clan des conservateurs, ils vous aideront à fourbir vos armes pour encore mieux pratiquer l’Interruption Volontaire de Créativité (I.V.C.).
- Si vous êtes du clan des innovateurs, ils vous apprendront à reconnaître vos ennemis extérieurs ou intérieurs. De plus, un antidote vous est proposé en bas de page.
Le kit ou le lexique du parfait étouffeur d’idées
Les prétextes matériels
- L’informatique (la logistique, la comptabilité, …) ne suivra jamais !
- Nous sommes trop petits !
- Et qui va s’occuper de ce projet ?
La temporisation ou l’appel du quotidien
- Nous avons du pain sur la planche, passons à quelque chose de plus urgent !
- Ce n’est pas à l’ordre du jour !
- Attendons un peu, nous verrons cela plus tard ou on en reparle en fin d’année !
- Demandons l’avis d’un expert, après… on verra bien !
L’appel à la raison
- Une chose à la fois !
- Ne soyez pas ridicule ! Revenons à des choses plus sérieuses !
- Et vous croyez réellement que ça va marcher ?
Le spectre de la culpabilité
- En cas d’échec vous serez seul responsable !
- D’accord mais alors vous devez me garantir que ça va marcher…
Les risques
- Il y a trop de risques – Il y a trop d’inconnues – Il n’y a aucune garantie de succès …
- Il n’y a ni statistiques ni études pour valider notre choix !
- Nous n’avons pas l’expérience !
Les autres
- C’est trop tôt, laissons d’abord faire les autres !
- C’est trop tard, d’autres ont certainement déjà essayé !
- OK mais si ça foire, on aura l’air malin ! Qu’est-ce que les gens vont penser ?
- Nos clients ne vont pas accepter !
Le passé
- On a toujours fait comme ça ! On a bien fait sans pendant des années, à quoi bon ?
- Nous n’avons pas été habitués à ce genre de chose !
- Ce n’est pas notre métier d’origine !
Les évidences
- C’est trop simple !
- C’est trop innovateur !
- C’est trop compliqué !
La peur (du changement)
- C’est trop d’un coup !
- Ça ne marchera jamais !
- Vous rendez-vous compte des changements que cela implique ?
Toute ressemblance avec des situations ou des personnages réels est purement fortuite.
Un antidote
Au-delà de l’aspect anecdotique ou humoristique, cette énumération peut se révéler utile à l’occasion d’un travail créatif (seul ou en groupe). Comment ? En l’utilisant en tant que « contrat ». En disant « Voilà les menaces qui pèsent sur les nouvelles idées. Ecartons ces attitudes et ces phrases assassines à tout le moins jusqu’à la phase d’évaluation.« . Cette précaution devrait avoir un effet similaire au bulletin météo annonçant du verglas ; la prudence sera de mise.
Sur le plan pratique, envisagez d’immortaliser ces expressions dans un diaporama ou une carte afin d’appuyer votre introduction. Vous ne devriez pas avoir de peine à compléter cette liste à partir de vos expériences personnelles !