TRIZ est régulièrement victime d’un paralogisme (raisonnement erroné) qui consiste à penser que lorsque quelque chose est performant, c’est de notoriété publique et, à l’inverse, si quelque chose n’est pas renommé, c’est en raison d’un manque de performance.
C’est clair, la notoriété de la « Théorie de Résolution des Problèmes Inventifs » alias TRIZ n’est pas en accord avec son efficacité. Mais tout s’explique.
(1) Prémices à la moitié du vingtième siècle
Les premiers pas de TRIZ datent de 1946 et la première publication de Genrich ALTSHULLER de 1956 (‘A propos de la psychologie de l’inventivité’). Quant au premier livre (‘Comment apprendre à inventer ? ‘), il a été édité en 1961.
(2) Diffusion envisageable après la chute du Rideau de Fer
En théorie, TRIZ aurait pu se propager chez nous dès les années 1960 – 1970. En pratique, c’était impossible : entre le bloc de l’est et celui de l’ouest se dressait le Rideau de Fer.
Cette barrière physique et culturelle est tombée fin 1989 … c’était hier.
(3) 100% des sources et ressources en russe
Donc TRIZ a commencé à percoler dès le début des années 1990 ? Non car il y avait encore un obstacle, l’obstacle linguistique puisque toutes les (re)sources – les documents et les experts – étaient en russe !
Il a donc fallu laisser du temps aux experts pour apprendre l’une ou l’autre langue occidentale et aux éditeurs pour trouver les traducteurs aguerris à l’engineering et à l’innovation. Par ailleurs, beaucoup de textes ou d’ouvrages n’ont pas encore été traduits … et ne le seront peut-être jamais.
(4) Focalisé sur les domaines et les problèmes techniques
Ce n’est donc réellement qu’à partir de la fin du vingtième siècle que la propagation de la « théorie » et des outils TRIZ a commencé en occident.
Cette propagation s’est concentrée – et se concentre encore et toujours – essentiellement sur les aspects techniques – technologiques de l’innovation se trouvant ainsi confinée aux sphères de la R&D et de l’engineering. Ce qui restreint inévitablement la notoriété de TRIZ et est doublement regrettable quand on sait que
- D’une part, la plupart des concepts et des outils TRIZ sont capables de traiter tout type de problème ;
- D’autre part, depuis les années 1980, TRIZ inclut des techniques pour le développement de l’imagination créative (dissocié de toute connaissance technique).
(5) Pas pour les amateurs de fast-food !
TRIZ, ce n’est pas une technique isolée mais une suite de concepts, de modes de pensées, d’outils, … c’est du lourd, c’est du costaud. Les gens pressés et autres « zappeurs » n’y trouvent pas leur compte. Pas ou peu de buzz en faveur de TRIZ.
(6) Inclusion et Discrétion
Il y encore une voire deux autres explications à la faible notoriété de TRIZ :
- Certains concepts et outils TRIZ ont été encapsulés dans d’autres pratiques (ex : Six Sigma).
- En outre, si certaines entreprises font part de leurs expériences (positives) avec TRIZ, il est probable que d’autres choisissent la discrétion. Pourquoi partager avec ses concurrents des recettes d’innovation ?
En ce début 2018 et d’un point de vue occidental, on peut considérer que TRIZ est un jeune homme – ou une jeune fille – d’une bonne vingtaine d’années … qui va entrer dans la vie active.
Tout s’explique !